Le bonheur ne se trouve pas au sommet de la montagne mais dans la façon de la gravir.

KV de l'Aiglette

Saintélyon solo - 02/12/2012

Départ minuit de Saint-Étienne, sans stress, l'objectif c'est surtout de finir. Jusque là, ma plus grande distance était de 28Km sur l'urban trail de cette même ville, 1 mois plus tôt.
Le départ est donné avec une température négative, comment s'habiller? On demande conseil, le choix est fait sur des vêtements 100% techniques. T-shirt près du corps, veste temps froid et k-way (on s'avait que l'arrivée se ferait sous la neige), donc 3 couches avec un t-shirt chaud dans le sac au cas où... Je mets les mini-guêtres pour protéger mes pieds de l'eau, de la boue et de la neige, pas de regrets, je n'ai pas été gêné.
Check, camelback ok 100% eau, gants, yaktrax (chaînes pour les chaussures), frontale!

Départ en fond de ligne, 9000 coureurs devant nous, le départ est donné beaucoup de monde aux abords, c'est la fête, les coureurs s'acclament moi je me dis que je vais en C**** lol Il nous a fallut une dizaine de minutes avant de franchir la ligne le temps que tout le monde s'élance et que l'on commence à courir mais c'est lancé. Quelques minutes à 5 (3 mecs 2 nanas), les rythmes se différencient, je rejoins les hommes qui ont un rythme plus près du miens, on fait 7km sur route avec quelques faux plats.
Là, les choses se gâtent, des chutes, des figures de style, le verglas est là et ne nous quitteras pas de la course. Inattendu, il se cache sur les routes, les chemins et les cailloux... J'ai fais le choix de ne pas équiper les yaktrax de la course... Il fait nuit et malgré les frontales on le découvre souvent trop tard., très vite la montée se fait avec de la neige en plus, nous ne sommes pas au km10... Je me retrouve seul sans trop le prévoir mais chacun s'est fait son chemin, j'ai perdu mes 2 coéquipiers. On se retourne, on cherche mais rien, pas grave je suis habitué à courir seul et c'est plus facile pour me gérer. Ils m'auront bien aidé au départ à ne pas m'emballer sur les premiers km ;) la route est longue... J'en profite pour m'arrêter et prendre 1 ou 2 photos, plus de batterie sur le tel, il s'éteint, le froid il n'aime pas. Km15, celle ci elle était pour moi!!! J'ai vu mes pieds passer devant et sans m'en rendre compte j'étais sur le dos. On me relève de suite, ça va? Oui ça va! En vrai, je me suis explosé le coude gauche, celui du bras cassé... 5-10 min plus tard, c'était oublié...

Le premier ravito, St. christo, apparaît, Km16. Une tente surchauffée, on se serait cru en heure de pointe dans une rame de métro bondée! Bananes, gâteaux, pâtes de fruits, ca fait du bien! Et on repars dans le froid glaciale, souffrance, il faut bien.
Les Km s'enchaînent, les difficultés aussi... Toujours le verglas et la neige mais dans des quantités très importantes. 20cm de pur poudreuse, à ce moment là je rêvais d'aller skier :p Puis des parties avec des congères, de la neige au dessus du genou. En collant mais même pas froid! Le vent par contre aura eut raison de mes mains, les gants sont trop fins, j'ai souffert de ce côté là ainsi que du cou et du visage. Je sors mon tour de cou en polaire mais il laissait trop passer le vent, je regrette de ne pas avoir prit mon masque faciale de ski...

Second ravito, sortie, encore plus de souffrance avec le chaud/froid, je décide de zapper le troisième en faisant une petite pause en auto suffisance à l'extérieur, plus sympa que seul au bord d'un chemin, dans le noir ;-)
Je reprends ma course et je me mets à rêver de pizza et de Mcdo! Résultat de tout ça, crise d'hypo 4Km avant le ravito de Soucieu, Km47. On baisse le rythme mais courir en zigzag, avoir froid d'un coup et des vertiges, on se dit faut pas flancher... Mon record de distance était fait mais le but restait d'aller jusqu'au bout et quand on se dit qu'on en a fait la moitié c'est qu'il ne reste plus grand chose! Je me mets donc à marcher et je prends ma barre de céréales qui avait gelée en buvant... On reprends un peu la course et enfin le St Graal, le ravito! Je décide de faire une belle pause, j'y suis entré de nuit, je repars de jour... Plus de 30min de pause avec une sortie vers 8h... Je mange, je bois, le coca m'a fait du bien! Et surtout j'en profite pour m'étirer, m'allonger comme une loque dans l'espace abandon et surtout changer mes chaussettes trempées! Les pieds sont moches, marrons, bleus et flétris par l'humidité, oui ça ne vend pas du rêve :p
Je rallume mon tel qui c'était réchauffé et ses 13% de batterie restant et j'apprends un abandon d'une des filles dans le groupe :( Rien de grâve heureusement mais ça fait C****! Dans la foulée on me dis qu'aux pointages précédents les 2 gars étaient devant moi mais qu'ils venaient de pointer là où j'étais... Je finis de m'habiller, je cherche et je ne vois rien. Je repars, le jour fait du bien on vois un peu mieux quand les pieds vont passer sous le niveau 0, c.-à-d. dans la boue et sur les quelques plaques de verglas restantes... Oui le bonheur de courir avec les pieds au sec n'aura pas tenu mais ça fait du bien et ça va quand même mieux... Ça s'urbanise et ça reprends par une côte d'1,5km avec des portions à plus de 20%, interminable au bout de 50km de course... La neige commence a tomber bien plus fort, capuche et tête baissée! L'arrêt m'a quand même donné un coup de boost et je profite d'une partie roulante pour mettre le rythme, ça fait du bien de passer du monde. Pas de chance, un passage dans un parc et une sortie par une montée dans la boue avec l'eau qui ruisselle a réveillé ma douleur aux genoux, je galère, je me fatigue... Les 15 derniers km se sont fait en course/marche alternée... Je rattrapais le temps perdu dans quelques descentes ou courais dans les grandes lignes droites interminables.

L'arrivée se fait sentir, l'ambiance monte, j'encourage les gens que je croise dans la souffrance, les Lyonnais klaxonnent pour nous donner du courage à 5km de l'arrivée...
Avant dernière ligne droite, j'entends une voix féminine encourager les coureurs, oh surprise mon amie qui avait abandonnée... Elle fait avec moi le dernier Km en courant, je fais mon caprice pour marcher 100m et on fait les derniers mètres ensemble, elle repars aussitôt attendre les autres sûrement pas très loin derrière!
L'arrivée se fait à l'intérieur du palais des sports de Gerland, au chaud et dans l'ambiance!

Récup immédiate du t-shirt, finisher, grignotage, je récup mes affaires, pose mon camelback dans la voiture et je me fais misère pour voir les autres arriver, réussite 200m avant la fin où j'ai pu les accompagner, c'est aussi ça l'esprit et ça fait tellement de bien. J'ai également pu faire le dernier Km avec la dernière fille du groupe. L'encourager en sentant mes genoux écrasés comme dans un étau ça n'a pas de prix lol

Ce qui m'aura surpris, c'est l'ambiance tant chez les coureurs que les gens qui toute la nuit sont restés sur les bords de chemins. Les accidents allant jusqu'aux fractures à cause des plaques de verglas et surtout le nombre impressionnant d'abandons. Aux ravitos, j'ai eut l'impression de faire 2 Koh Lanta d'un coup, ce qui pouvait se manger était bon à prendre! Manger de la banane, du saucisson puis des pâtes de fruits, quand j'y repense, j'ai envie de vomir!
Après il y a des choses qui ne se racontent pas, il faut le vivre pour le voir et le comprendre.

La Saintelyon 2012, j'y étais!